Pour mener à bien le chantier pharaonique du Musée Napoléon il aura fallu près de vingt années. De 1855 à 1867 des architectes vont chercher à rendre hommage à l’Art et par-delà à magnifier l’empereur.
Fonds Hyacinthe-César Delmaet et Louis-Emile Durandelle, État du Musée Napoléon en 1859, 1859, épreuve sur papier albuminé, INHA, cote NUM PH 8234
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Dufour rencontre néanmoins de grandes difficultés à réaliser « son » œuvre : il doit à la fois gérer les conflits opposant les entrepreneurs, composer avec les manques de fonds et assurer le changement d’architectes.
Henri Parent fut le premier à offrit son art pour façonner le musée. Architecte parisien, spécialiste dans la restauration et la transformation d’hôtels particuliers, il est choisi parmi les trente-neuf concurrents (malgré sa deuxième place au concours). Cinq autres architectes participeront également à la construction, notamment Arthur-Stanislas Diet.
Le 25 juin 1854, la commission du musée se rend à Saint-Cloud pour présenter ses plans à Napoléon III et à l’impératrice Eugénie.
Joseph-Désiré Court, La commission du Musée Napoléon présente à leurs majestés impériales, au Palais de Saint-Cloud, les plans du musée fondé à Amiens par l’Empereur, 1859, huile-sur-toile, Musée de Picardie (Amiens)
Source image : Picardia – l’Encyclopédie picarde
Autre instant fondateur, Arnaud Bertinet nous l’évoque non sans émotions : le 2 septembre 1855, la première pierre du musée est posée par Beaumont, devenu Président du Conseil Général de la Somme (Ancien nom de la Société des Antiquaires), puis est bénie par l’évêque, Monseigneur de Salinis. A leurs côtés, une tente surmontée de l’aigle impérial abrite le buste de l’empereur : bien qu’absent, Napoléon III veille sur son musée.
Vous l’avez compris, le « Petit Louvre de la Province » est bâti par des bonapartistes convaincus, il n’est donc pas anodin que sur la façade extérieure, au niveau de l’entrée, aient été autrefois installés deux médaillons avec les portraits du couple impérial (aujourd’hui disparus et remplacés par les portraits des peintres Michel-Ange et Raphaël).
Fonds Hyacinthe-César Delmaet et Louis-Emile Durandelle, Musée d’Amiens, 19e siècle, épreuve sur papier albuminé, INHA, cote NUM PH 8231
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Fonds Hyacinthe-César Delmaet et Louis-Emile Durandelle, Musée d’Amiens (détail), 19e siècle, épreuve sur papier albuminé, INHA, cote NUM PH 8231
Source image : INHA
Le militantisme bonapartisme ne s’arrête pas là : les architectes ayant pris modèle sur les travaux d’agrandissement du Louvre lancés par Napoléon III, afin d’offrir un véritable bijou à la Province. C’est une véritable innovation pour l’époque, puisqu’il est conçu de façon à accueillir les collections régionales archéologiques, antiques et d’œuvres d’art. Il est d’ailleurs l’un des seuls musées pensé de manière à pouvoir accueillir des tableaux d’histoire de très grands format.
Fonds Hyacinthe-César Delmaet et Louis-Emile Durandelle, Musée d’Amiens, 19e siècle, épreuve sur papier albuminé, INHA, cote NUM PH 8230
Source image : INHA
De plus, des caches sont établies dans la conception du monument pour, en cas de guerre, protéger les œuvres. Cela n’épargnera malheureusement pas le musée, en particulier lors de la Grande Guerre où des œuvres de Vincent furent notamment détruites.
Fonds Hyacinthe-César Delmaet et Louis-Emile Durandelle, Musée d’Amiens, 19e siècle, épreuve sur papier albuminé, INHA, cote NUM PH 8235
Source image : INHA
Après des années de dur labeur, le musée ouvre au public en 1867. Après de longs débats, il est légué par la Société des Antiquaires de Picardie à la ville d’Amiens le 16 juillet 1869, la SAP gardant toutefois l’usufruit de deux salles au rez-de-chaussée, et prendra le nom de Musée de Picardie en 1873.
Fonds Hyacinthe-César Delmaet et Louis-Emile Durandelle, Musée d’Amiens, vestibule, 19e siècle, épreuve sur papier albuminé, INHA, cote NUM PH 8233
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A suivre : Naissance du « Versailles picard » – 3/3 : Composition du musée
Solène de Thieulloy
UPJV – L1 Histoire de l’Art
Sources :
Arnaud BERTINET, Les 150 ans du Musée de Picardie, conférence donnée le 20 novembre 2014 au Musée de Picardie (Amiens)
PICARDIEMUSES – Site de l’Association des conservateurs des musées de Picardie
PICARDIA – L’encyclopédie picarde
Voilà un article qui nous aiguise notre curiosité !
Merci pour ce texte joliment écrit et qui nous fait découvrir autrement ces lieux .
J’attends la suite avec impatiente !